11.8.10

Pro-nique clitéraire


Bordels boucherie
, de Pierre Guyotat (1968), aux éditions Pire Fiction, 2008














Ouf! Voilà une logorrhée pornographique qui m’atteint. Du sexe sale, sans point, sans paragraphe, sautant d’une scène à l’autre, des orgasmes en série, des culs qui ne désemplissent pas, du foutre coulant/séchant à toutes les commissures, de la merde, des animaux, une boucherie et des bordels. C’est sale, puissant, super inspirant. Plutôt mecs sans machisme.

Est-ce que ça m'excite?
Je pars du constat de sexualités discriminées (comme on le soupçonnera, les minorités sexuelles forment en fait la majorité) puisqu'il existe une sous-représentation des expériences sexuelles de plusieurs individus: les personnes âgées, les femmes, les personnes en situation de handicap, malades. En clair, les représentations que nous recevons communément de la sexualité mettent en scène un couple de personnes de genre différent, physiquement "attrayantes" (en forme et minces).
Certaines minorités sexuelles font quant à elles l'objet des fantasmes hallucinatoires des autres, peut-être en raison du fait que leur position de minorité résulte de leurs pratiques sexuelles (homo) ou de leur questionnement sur leur identité de sexe/genre. Elles sont présumées avoir "une" sexualité relevant de l'excès. La représentation de celle-ci n'en reste pas moins marginale, ce qui ouvre toute grande la porte à ces hallucinations fantasmagoriques. Il s'agit, pour ces "minorités-là" de s'approprier et de diffuser leur propre imaginaire.
Pour les autres aussi. Mais il semble que pour accroître la présence de ces sexualités inexistantes, il faille jouer la sur-représentation, au risque de l'exagération.
C'est de cette manière que je tombe, comme sur une évidence, sur le sexe sale et la grossièreté.
Je renvoie à cette balade.
Et je reviens sur Bordels boucherie. Est-ce excitant?
Si le sexe sale n'ouvre pas encore à l'excitation, c'est en partie à cause de la confusion, de l'accumulation des images (dans ce petit livre précisément) qui limite la possibilité de se fixer sur une scène et
alors de se laisser habiter par un désir. Mais aussi parce que l'imaginaire sexuel n'est pas encore suffisamment ouvert à la souillure affirmative, à la saleté et à l'excès.
Qu'à cela ne tienne, nous nous y engouffrerons.


Pire fiction semble faire des livres inspirants...