12.11.09

CRO – NIQUE CLITÉRAIRE 2

J’ai déjà évoqué (dans le nue méro 2 des Plottes con-plottent) la saga de la liste de lectures proposées par les libraires de chez Violette & Co à Paris. J’avais demandé des références pour de la littérature érotique «féministe», ne sachant trop comment désigner une littérature excitante qui me ferait sortir des sempiternelles fantasmes hétéronormatifs bébêtes (voir la précédente cro-nique du 3.11.09) ou simplement romantisés «pour filles».

J’ai égaré cette liste pendant un an. Lorsque je l’ai retrouvée, j’ai encore mis plusieurs mois à me jeter sur le maximum des livres qu’elle indiquait. Aujourd’hui, je commente Thérèse et Isabelle, de Violette Leduc.

Écrit entre 1948 et 1951, mais censuré en 1954 lorsqu’il a été soumis à la maison d’éditions Gallimard, le livre ne paraît dans le roman La Bâtarde que quelques années plus tard, édulcoré. Il devait plutôt, selon l’intention de son auteure, encouragée par Simone de Beauvoir, constituer la première partie d’un triptyque érotico-auto-biographique.

Le récit part au quart de tour. Il met en scène la rencontre érotique de deux pensionnaires. Une rencontre de 3 jours et 2 nuits. En vrac : le désir me paraît un peu affecté, voire mièvre, en tous cas bavard et saccadé où alterne une aspiration au plein, le désir de se perdre, la peur de la perte et vouloir ne pas arrêter. Très sexplicte, l’envie folle des deux jeunes filles l’une pour l’autre nous porte jusque dans un bord’elles où elles pourraient pouvoir crier de jouissance… mais non. Pourtant, comme le dit l’auteure, le roman vise exactement une description minutieuse de l’amour physique, tout en usant de suffisamment de métaphores pour que l’évidence ne saute pas toujours aux sens. L’émoi et la découverte transpirent des pages. L’écriture précise nous porte avec allégresse.

C’est donc un livre que je recommande à toutes les jeunes filles pour qu’elles prennent plaisir le plus tôt possible à la liberté sexuelle. Pour les autres, j’espère que vous êtes déjà là.