10.1.10

PRO-NIQUE CLITÉRAIRE : La clef. La confession impudique de Junichirô Tanizaki

Les personnages:
Une femme, prétendument nymphomane. Elle a 45 ans et son corps est superbe. Une femme soumise "par tradition".
Son mari, plus âgé, de moins en moins capable de la satisfaire. Jaloux et dont la jalousie émousse le désir.
Leur fille et son prétendant qui est mutuellement attiré par la mère.

Les époux tiennent chacun un journal, comme un dialogue qu'ils feignent ne pas avoir et dans lesquels ils consignent cette histoire savoureuse, particulièrement perverse.
Lorsque débute la confession, le mari n'a jamais vu sa femme nue, de pied en cap et à la lumière.
Le mari et le prétendant la font boire. Elle s'évanouit à répétition. Elle est regardée. Photographiée. Prise, éprise.
Une histoire de désir culminatif, d'adultère fomenté, de con-sentement pervers. Le raffinement froid de la perversité.
Et puis tout bascule. Le mari en vient progressivement à lui répugner, bien qu'elle prenne plaisir à leurs ébats. Il tombe malade.
Alors, la seconde moitié du roman n'est pas à la hauteur de ce début. L'auteur nous égare avec cette maladie. Puis le ton de confidence revient, un peu ampoulé.
Cette seconde moitié surprend puis, dans la foulée, la finale qui occupe le dernier cinquième. Cette finale reprend les moments forts de la première moitié pour les décortiquer, comme s'il fallait court-circuiter le trouble qui en faisait toute la force.
La maladie du mari qui ouvre cette seconde partie, puis cette finale suggèrent vraiment que l'auteur n'assume pas le propos de son oeuvre. Qu'en dire d'autres, sinon que c'est maladroitement déconcertant.