24.8.10

Une image de l'Isle-verte

22.8.10

19.8.10

18.8.10

17.8.10

13.8.10

11.8.10

Pro-nique clitéraire


Bordels boucherie
, de Pierre Guyotat (1968), aux éditions Pire Fiction, 2008














Ouf! Voilà une logorrhée pornographique qui m’atteint. Du sexe sale, sans point, sans paragraphe, sautant d’une scène à l’autre, des orgasmes en série, des culs qui ne désemplissent pas, du foutre coulant/séchant à toutes les commissures, de la merde, des animaux, une boucherie et des bordels. C’est sale, puissant, super inspirant. Plutôt mecs sans machisme.

Est-ce que ça m'excite?
Je pars du constat de sexualités discriminées (comme on le soupçonnera, les minorités sexuelles forment en fait la majorité) puisqu'il existe une sous-représentation des expériences sexuelles de plusieurs individus: les personnes âgées, les femmes, les personnes en situation de handicap, malades. En clair, les représentations que nous recevons communément de la sexualité mettent en scène un couple de personnes de genre différent, physiquement "attrayantes" (en forme et minces).
Certaines minorités sexuelles font quant à elles l'objet des fantasmes hallucinatoires des autres, peut-être en raison du fait que leur position de minorité résulte de leurs pratiques sexuelles (homo) ou de leur questionnement sur leur identité de sexe/genre. Elles sont présumées avoir "une" sexualité relevant de l'excès. La représentation de celle-ci n'en reste pas moins marginale, ce qui ouvre toute grande la porte à ces hallucinations fantasmagoriques. Il s'agit, pour ces "minorités-là" de s'approprier et de diffuser leur propre imaginaire.
Pour les autres aussi. Mais il semble que pour accroître la présence de ces sexualités inexistantes, il faille jouer la sur-représentation, au risque de l'exagération.
C'est de cette manière que je tombe, comme sur une évidence, sur le sexe sale et la grossièreté.
Je renvoie à cette balade.
Et je reviens sur Bordels boucherie. Est-ce excitant?
Si le sexe sale n'ouvre pas encore à l'excitation, c'est en partie à cause de la confusion, de l'accumulation des images (dans ce petit livre précisément) qui limite la possibilité de se fixer sur une scène et
alors de se laisser habiter par un désir. Mais aussi parce que l'imaginaire sexuel n'est pas encore suffisamment ouvert à la souillure affirmative, à la saleté et à l'excès.
Qu'à cela ne tienne, nous nous y engouffrerons.


Pire fiction semble faire des livres inspirants...

10.8.10

5.8.10



3.8.10


Pro-nique clitéraire
Filles perdues, Alan Moore et Melinda Gebbie. Delcourt 2008

J'ai eu de la peine à entrer dans cette bd. Je me demandais où j'étais, ce que c'était. Et puis je n'aimais pas particulièrement les dessins, les lignes et les couleurs. Trop chargés, trop léchés. Je n'en démordrai pas. Pourtant...
Ça commence de manière suggestive. On ne sait pas si elle est seule, visiblement c'est sensuel et on apprend qu'elle est tordu puisqu'elle pervertit les femmes. Elle était en relation avec un double dans son miroir fétiche. Elle se masturbait. Elle est âgée.
C'est donc une bd porno, essentiellement lesbienne, mais aussi gaie et hétéra.
Les actions se déroulent quelques semaines avant la Première Guerre mondiale. Voilà pour le côté vieillot du décors. Les protagonistes se retrouvent dans un hôtel de luxe tenu par un obsédé, qui a laissé dans chacune des chambres un livre blanc, illustré, composé des classiques de la littérature érotique: Sade, Wilde, Bousquet et d'autres que je n'ai pas reconnus. En filigrane, ces textes articulent certaines scènes.
Le récit découle de la rencontre de trois femmes. La lesbienne un peu âgée qui a initié le récit; une Américaine plus ou moins bien élevée, portant des escarpins d'argent; et la femme d'un commercial, visiblement frigide. Les trois femmes vont consacrer leurs loisirs à raconter leurs premières aventures érotiques tout en s'excitant, se léchant, se pénétrant. On comprend que le retour sur ces scènes d'origine, osées, permettra à ces femmes de s'émanciper de leur perversion en assumant pleinement leurs désirs.
Du coup, c'est sexe de bord en bord et de plus en plus. Un récit d'enfance accompagne toujours le moment présent, lui-même folichon. C'est excitant. On a droit à tout: la sodomie, la liberté de se donner à n'importe qui, beaucoup d'inceste (et cette réflexion à propos de la littérature qui permet de tout vivre, au-delà du bien et du mal), des orgies saphiques avec domination, bref le sexe complètement obsédant. Et pour en rajouter une couche, le récit est aussi émaillé du travestissement de trois contes pour enfants: le magicien d'Oz, Alice au pays des merveilles et Peter Pan. Chacune des protagonistes est associée à l'un de ces contes, sexuellement, obsessionnellement détournés.
Pour en revenir au dessin. L'ami Nico (avec qui j'écris cette pro-nique) aime les couleurs et les dessins, soulignant qu'ils atténuent ce qui pourrait paraître trop dur dans le récit. J'aime quant à moi les poses des corps, toutes les poses qui soulignent la variété et la justesse de la sexualité lesbienne affirmée.

2.8.10



PRO NIQUE CLITÉRAIRE
Coney Island Baby, une bd de Nine Antico, L'Association 2010

C'est encore une bd, glanée au hasard dans une librairie politique de Bruxelles. Prise sans savoir ce que j'allais y trouver, sans savoir que c’est ce que je cherchais.

Ça se présente comme un récit destiné à deux jeunes filles qui souhaitent devenir pin-up. Bon, le statut de la narration est ambigu… est-ce vraiment monsieur Playboy (Hefner) qui s'attribue tout le rôle de bien informer les femmes des illusions du pornsystème? Lui qui prend Linda Lovelace par derrière, par surprise, comme si cette pénétration allait de soi (je con-cède que c’est la page qui m’a fait le plus jouir). Mais, bon, au fond, on a quand même l'impression que la domination masculine n'est pas remise en question.

Pour le reste, c’est une bd qui déniaise. En trame de fond de ce récit visant à éclairer une décision (devenir ou non pin-up), l’histoire des célèbres Bettie Page (dont on n’évoque pas le double dessiné : Betty Boop) et Linda Lovelace "gorge profonde". Sans jugement moral, on suit les parcours de ces femmes, sans omettre les détails sur leur rêve de star, mais en présentant surtout l'idée qu'elles étaient tout à fait à l'aise avec leur exposition, les jeux devant les photographes et les caméras. Bettie Page est présentée comme une femme intelligente en plus d'être super belle, ce qui permet d’insister sur sa complicité lors des séances de photos, sur l'atmosphère de jeux qu'elle y instillait. Quant à Linda Lovelace, on la sent très bien dans l’excès d’exposition, dans la fierté de savoir si bien piper une queue, d'être super bien dans sa sexualité. Le film "Deap troath" est en outre présenté comme une affirmation féministe -- bien qu'elle soit ensuite critiquée : "c'est bien encore du machisme de supposer le clitoris au fond de la gorge pour justifier le plaisir que les femmes tirent à faire plaisir aux mecs… ce qui ne saurait suffire en guise de jouissance… -- bon vous en faites ce que vous voulez de ce contre-point).

Le récit n'échappe pas non plus les "fuites" religieuses des deux actrices et questionne les témoignages de Lovelace par rapport au fait qu'elle était prisonnière de son mec qui l'aurait forcée tout au long de sa carrière de pornstar. La bd ne tranche pas et laisse au lecteur la possibilité d'errer entre l’affirmation de ces femmes et le contexte hostile.

J’ai adoré cette balade.